[Opéra national de Lyon (hors les murs). "Aïda", de Verdi...

[Opéra national de Lyon (hors les murs). "Aïda", de Verdi (mise en scène : Gianfranco de Bosio et Boris Stetka)]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT2365 06
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
historiqueAïda, de Verdi. Mise en scène : Gianfranco de Bosio et Boris Stetka. Direction : Semyon Bychkov. Production de l'Opéra national de Lyon (hors les murs), au Théâtre antique de Lyon, Lyon 5e.
historiquePleuvra, pleuvra pas ? C'est la question qui vient instantanément à la bouche quand on évoque spectacle donné dans la cadre antique et agreste du théâtre de Fourvière. Depuis qu'il navigue d'un endroit à un autre, l'Opéra hors les murs, a remis à l'honneur ce haut-lieu lyonnais. "Norma", ses druides coupeurs de gui et ses prêtresses coupables affrontèrent des températures quasiment polaires l'été 1987. "Aïda", ses esclaves numides, ses trompettes et ses princesses amoureuses, auront-ils droit à un climat plus clément ? Une chose est sûre, l'opéra égyptien de Verdi est le fétiche du lieu. On ne compte plus les défilés martiaux, ou supposes tels, les "Ritorna vincitor" lancés des par des Aïda dodues et passées au brou de noix pour faire plus nubiennes que nature, qui ont retenti sur les gradins. Il est vrai que la pompe qui s'attache à maintes scènes de l'ouvrage trouve bien là matière à s'épanouir. Même si les vraies beautés, plus subtiles, sont ailleurs, comme dans le délicat prélude, généralement écouté dans le brouhaha, ou le sublime final parfois regardé un oeil sur la scène, un autre sur la montre, par des spectateurs un rien ankylosés. Le moins que l'on puisse dire, est que que cette "Aïda" donne volontiers dans le genre cosmopolite : un chef russo-arménien américanisé, des metteurs en scène italiens, un décorateur français, des choeurs mi-lyonnais, mi-yougoslaves, un ballet niçois, une mezzo et une basse polonaise, une soprano bulgare, un ténor russe, un baryton français... Une vraie tour de Babel. La partie musicale devrait trouver un ordonnateur de choix avec Semyon Bychkov, étoile montante au hit-parade des stars du pupitre. Bien avant que Karajan l'ait remarqué, Lyon l'avait entendu diriger Tchaikowski. Il retrouvera l'orchestre et les choeurs de l'Opéra de Lyon, le groupe Choral Ivo-Lola-Ribar de Yougoslavie et le ballet de l'Opéra... de Nice. Le nôtre ne condescendant pas à se produire dans un opéra, c'est bien connu. On ne sait absolument rien sur la conception scénique élaborée par Gianfranco de Bosio, qui vient du cinéma et Boris Stetka, dans des décors de Jacques Rapp. Mais l'on devrait rester dans le cadre de l'Egypte pharaonique pure et dure avec négrillons, plumes d'autruche et odalisques languides. On peut espérer beaucoup des deux chanteurs polonais inscrits au programme et bien connus du public lyonnais : Stefania Toczyska, merveilleuse Ulrica, superbe Adalgisa qui chantera Amnéris, la fille du pharaon amoureuse du fringant Radamès et Romuald Tesarowicz, jeune basse qui vient de triompher dans Wurm de la "Luisa Miller" du même Verdi et chantera le rôle de Ramfis, le féroce chef des prêtres. Prometteur, aussi, l'Amonasro que chantera Alain Fondary, un baryton français que l'on se décide enfin à reconnaître comme la grande voix qu'il est. Ils seront entourés par la soprano Stefka Evstatieva (Aïda), par le ténor Vladimir Popov (Radamès) et par deux jeunes chanteurs lyonnais : René Schirrer (le roi) et Consuelo Caroli (la prêtresse). Reste à souhaiter qu'Isis et Osiris soient météorologiquement favorables à ce spectacle. D'autant plus que les cinq représentations se joueront à guichets fermé tant la demande est grande. Comme à son habitude, l'Opéra de Lyon ne croit pas devoir numéroter les places, à la différence des Chorégies d'Orange et l'on peut prévoir le raz-de-marée humain habituel dès l'ouverture des grilles. Une heure avant le spectacle ! Prévoir un coussin, un pull, un polar. Eventuellement des gants de boxe. Source : "Aïda Babel" / G.C. [Gérard Corneloup] in Lyon Figaro, 18 juin 1988.

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